« Le beau en peinture, selon l’enseignement des vieux maîtres, disait maître Huang, n’est pas le beau tel qu’on l’entend en occident. Le beau, en peinture chinoise, c’est le trait animé par la vie, quand il atteint le sublime du naturel. Le laid ne signifie pas la laideur d’un sujet qui, au contraire, peut être intéressante : si elle est authentique, elle nourrit un tableau. Le laid, c’est le labeur du trait, le travail trop bien exécuté, léché, l’artisanat ».
« Il s’agit de suggérer sans jamais montrer les choses, disait le maître. L’ineffable en peinture, nait de ce secret : la suggestion. Tu dois parvenir à saisir cet état, entre le dit et le non-dit, entre l’être et le non-être… »
« Il faut de la discontinuité dans la continuité du trait. La danse du pinceau dans l’espace laisse des blancs pour permettre à celui qui regarde de vivre l’imaginaire dans le tableau, d’aller découvrir le paysage seul, par la suggestion, sans trop en dire, pour faire jaillir la pensée. Si tu tentes d’achever une œuvre, d’enfermer une composition, elle meurt dans l’instant ».
« … Tu veux aider autrui ? Alors cultive ta peinture, parfais ton art. Tu proposeras aux autres, au lieu de le leur imposer, un fil de pensée, une ouverture sur un ailleurs. »
« Ce n’est qu’en suivant sa voie que l’on peut s’approcher de l’Être. Comme l’a dit un peintre du VIIIe siècle « A l’extérieur j’ai pris la nature pour maître et j’ai trouvé la nature de mon cœur ».
« Le Ciel et La Terre ne parlent pas, ni les Quatre saisons et pourtant, ils nous enseignent tellement mieux que des paroles. On se gargarise trop facilement de mots. »
Fabienne Verdier
Extraits de son livre La Passagère du Silence (propos de Maître Huang Yuan)
Œuvres de Fabienne Verdier :